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Festival Jack Kerouac. « Il se disait breton»

"Le Trégor" en juin 2012

La famille de Jack Kerouac trouve ses origines à Lanmeur.
Dans le Trégor finistérien, Valérie Derrien-Remeur perpétue le souvenir de l'enfant du pays.

 

affiche-kerouacArticle du Télégramme – Le 15 Mars 2010

Père de la «Beat generation», routard, poète et écrivain génial, Jack Kerouac sera à l’honneur le samedi 27 mars, lors du premier festival «Jack Kerouac sur la route de Lanmeur», organisé par l’enseignante Valérie Remeur.

Pourquoi ce festival autour de Kerouac à Lanmeur?
Le choix du lieu, Lanmeur, s’imposait. Un peu parce que je suis originaire de la commune mais surtout par rapport aux révélations de Patricia Dagier. En 1999, cette généalogiste a commencé à explorer une piste suffisamment solide pour qu’on puisse attester des origines bretonnes de Jack Kerouac. C’est à mes yeux un grand écrivain que j’ai beaucoup lu lorsque j’étais adolescente. Il faut aussi rappeler qu’à Lanmeur, il y a un giratoire qui s’appelle Jack-Kerouac. Je suis par ailleurs allée sur ses traces à San Francisco, où mon mari travaille. La Silicon Valley est imprégnée de cette culture «beat generation». Enfin, à Lanmeur, il y a les habitants du lieu-dit Kervoac qui ont pris l’habitude, tous les ans, d’accueillir des Canadiens et des Américains qui se réclament de la parenté de Kerouac.

affiche-kerouac-2011L’auteur de «Sur la route» accordait-il une importance particulière à ses origines bretonnes?
C’était pour lui une vraie obsession. Il a eu une vie très courte puisqu’il est mort à 47 ans. Il est venu faire un tour en Bretagne en 1965. C’est lors de ce voyage qu’il rencontre Michel Mohr, l’académicien, installé à Locquirec désormais, qui travaille chez Gallimard. Kerouac le cherche car il a appris que Mohr est Breton et il veut le questionner sur ses origines bretonnes. À Brest, il rencontre aussi un libraire avec qui il boit des coups avant de repartir. Surtout, dans les cinq, voire les dix dernières années de sa vie, il parle de la Bretagne. On le voit, par exemple, dans son roman «Big Sur», dans lequel il écrit «les poissons parlent breton». Lui-même dit: «Je suis breton». Il va rencontrer Youenn Gwernig, grande figure finistérienne. Dans leurs discussions, il se focalise sur ses origines bretonnes en disant: «Voilà, je ne suis ni canadien ni franco-canadien, je ne suis pas Américain, je suis Breton».

Comment est-il perçu aux États-Unis, plus de 40 ans après son décès?
Il y a à San Francisco un petit musée Jack Kerouac qui attire toujours des fidèles. On ne peut pas comprendre l’essor de la Silicon Valley sans faire référence à des écrivains comme lui qui étaient un peu révolutionnaires et iconoclastes dans leur manière de penser. Je ne sais pas, par contre, si les jeunes générations le connaissent et s’il est enseigné. Je signale aussi qu’il y a un groupe de rock américain, Morphine, qui avait consacré tout un album, excellent d’ailleurs, à Kerouac. Mais ce groupe n’existe plus aujourd’hui.

Dans l’école d’ingénieurs où vous enseignez, vos élèves connaissent-ils Kerouac?
J’ai posé la question à ces jeunes qui ont 20 ans. Il y en a un sur quatre qui le connaît. Certains en ont entendu parler car au festival des Vieilles Charrues, il y a une scène baptisée Jack-Kerouac…

Ce festival aura-t-il vocation à être reconduit chaque année?
J’ai déjà des propositions pour l’année prochaine. L’idée, c’est de favoriser la transmission de l’oeuvre de Kerouac qui est un très grand écrivain. Une sorte de Louis-Ferdinand Céline américain. Il faut le faire connaître. C’est le but que je me suis fixé et c’est aussi l’esprit de ce festival, qui ne sera pas uniquement littéraire.